Il arrive qu’on se dispute et qu’on n’arrive pas à sortir du conflit. Et la colère ne retombe pas. Cela peut durer des jours, des semaines parfois des mois. Cela peut aussi avoir des conséquences graves : on ne parle plus à ses amis, on se sépare, on se fait exclure du collège ou du lycée, on s’entend plus avec ses parents, on s’isole.La médiation est un moyen pour sortir de ce conflit qui ne nous laisse pas respirer. C’est un moyen simple et efficace.   

LES ACTEURS DANS LA MEDIATION

Il faut que les deux antagonistes décident eux-mêmes de sortir du conflit. Pour qu’il y ait médiation, ils doivent choisir une personne, neutre et indépendante, qui va les aider à trouver une solution.Imaginons une cour de récréation d’un collège. Pierre, un élève, «se moque» de Karima en disant qu’elle est grosse et qu’elle ferait mieux de retourner dans son pays pour cesser de gêner les Français avec ses grosses fesses. Elle lui répond «sale Français» et lui donne un coup de pied. Pierre veut la gifler mais ne l’atteint pas. Il fait seulement tomber ses lunettes. Le surveillant voyant qu’un attroupement se forme intervient pour calmer les esprits. Il prévient le CPE. Ce dernier propose aux élèves de la classe de recourir à une médiation animée par un autre élève de la classe. Pierre et Karima sont d’accord pour choisir Téo comme médiateur.  Celui-ci les réunit et demande à chacun d’eux de préciser les reproches qu’ils se font. Pierre dit que Karima l’embête tout le temps. Karima dit que Pierre se moque toujours d’elle. Téo les interroge sur l’incident qui les a amené à en venir aux mains dans la cour. Pierre explique qu’il était énervé parce que Karima l’a tapé. Karima répond qu’elle en a marre de se faire insulter et que le coup de pied est parti tout seul. Téo insiste pour qu’ils expriment les causes profondes de leurs comportements. Pierre s’emporte en disant qu’il n’aime pas Karima parce qu’elle est différente : elle parle une autre langue, elle n’a pas les mêmes habitudes…. Karima est choquée; oui, elle est différente, mais elle est une adolescente comme lui. Elle explique qu’elle n’a jamais compris pourquoi Pierre ne l’aimait pas. Téo perçoit que les choses avancent. Il leur demande alors ce qu’ils auraient pu faire pour éviter que ce conflit ne dégénère. Pierre et Karima sont d’accord pour dire qu’ils auraient pu se parler avant de se disputer pour se connaître. Téo les invite alors à réfléchir à des propositions pour faire la paix et chercher des moyens de réparation. Karima s’excuse pour le coup de pied et Pierre est désolé de l’avoir insultée. Comme Karima a peur que ses parents la disputent pour les lunettes cassées, Pierre lui propose de l’accompagner chez l’opticien pour faire redresser les branches de ses lunettes. Ainsi, la présence et l’intervention d’un tiers médiateur a permis aux deux adversaires de se parler et d’envisager des solutions pour en terminer avec le conflit.

LES QUALITES DU MEDIATEUR On ne s’improvise pas médiateur. C’est une personne neutre et impartiale. Elle respecte le principe de confidentialité : tout ce qui se dit dans une médiation reste secret. Le médiateur sait écouter et comprendre les uns et les autres sans prendre partie. Il invite les parties à s’expliquer et à chercher des solutions pour sortir du conflit. Il reformule ce qui est dit de sorte que les parties prennent du recul et commencent à mieux comprendre l’autre. Il n’est pas un juge : il n’a pas de pouvoir de décision ni de sanction.
 Il n’est pas un arbitre : il ne peut pas imposer une solution aux parties. Il n’est pas un négociateur : il ne représente les intérêts d’aucune partie.
 Cela paraît simple en théorie mais de solides connaissances sur le fonctionnement de l’être humain et de la médiation sont nécessaires. Des formations universitaires existent pour apprendre le métier.
 Différents courants animent les médiateurs. Les compétences mises en avant sont différentes selon les structures de médiation : certaines se réfèrent davantage au droit ou à des connaissances spécifiques ou à la psychologie ou au comportementalisme ; certaines font référence aux normes culturelles. 
DANS QUELLES SITUATIONS ?
 Une médiation peut avoir lieu dans tout type de situation, dès lors qu’il y a conflit et une volonté des protagonistes d’en sortir. C’est un mode alternatif de résolution des conflits qui a fait ses preuves et qui est de plus en plus utilisé. Aujourd’hui, il existe plusieurs catégories de médiation.  Les médiations conventionnelles Elles s’appellent ainsi car elles reposent sur une convention c’est-à-dire un accord entre deux personnes pour recourir à la médiation. Soit ce recours est anticipé, il est inscrit au contrat qu’en cas de litige, une médiation aura lieu. Soit les parties décident d’avoir recours à une médiation alors que le conflit est déjà né. Une de leur motivation, dans ce dernier cas, est de faciliter la résolution du problème.
 Les médiations judiciaires La médiation judiciaire peut être civile ou pénale. En droit civil, elle a été introduite en droit français par la loi du 8 février 1995 relative à l’organisation des juridictions et à la procédure civile. Elle peut concerner des litiges entre voisins, propriétaires et locataires, commerçants et consommateurs, employeurs et salariés, couples séparés. En droit pénal, la médiation pénale a été introduite par la loi du 4 janvier 1993. Elle est une mesure alternative aux poursuites. Le procureur propose une médiation entre l’auteur de l’infraction et la victime qui cherchent, ensemble, des moyens de réparer le préjudice.
 Les médiations institutionnelles Elles sont mises en oeuvre par des Institutions. Les plus connues sont le Médiateur de la République et celui de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur. Le Défenseur des Droits, qui remplace l’ancien Médiateur de la République, a pour mission d’aider les citoyens qui sont en conflit avec l’Administration et chercher un règlement amiable. Il oeuvre pour améliorer les relations entre l’Administration et les administrés.
 Le Médiateur de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur et les médiateurs académiques reçoivent les réclamations des élèves, étudiants, parents d’élèves, adultes en formation ou personnel de l’éducation nationale. Ces réclamations sont liées à une décision prise par l’établissement ou les services centraux du ministère qu’ils contestent. Elles peuvent aussi concerner un conflit avec un membre de l’administration.  Les médiations sociales Elles ont un rôle de régulation sociale voire de création et de restauration de lien social. Souvent les médiateurs sociaux sont employés par des mairies et/ou des associations ayant une mission de service public. Ils sont appelés agents locaux de médiation sociale, femmes-relais, correspondants de nuit, médiateur inter-culturel… Parfois, ce sont des entreprises publiques qui les recrutent : la RATP, la SNCF, la Poste. 
LA FORCE DE L’ACCORD DE MEDIATION
 Ce qui fait sa plus grande force est qu’il repose sur la volonté commune des parties et sur les solutions qu’elles ont elles-mêmes proposées. Cet accord a d’autant plus de chances d’être respecté. Aussi, il a la force juridique d’un contrat, régi par les articles 1101 et suivants du code civil. Mais il peut également être homologué par un juge. Alors, l’accord a force exécutoire, comme un jugement. Cela signifie qu’en cas d’inexécution de l’accord, l’autre partie peut saisir l’huissier sans nouvelle procédure.Adresses utiles :Le CMAP, centre de médiation et d’arbitrage : www.mediationetarbitrage.comLe Défenseur des droits : http://www.defenseurdesdroits.fr/Le Médiateur de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur et les médiateurs académiques : www.education.gouv.fr/pid282/la-mediatrice-de-l-education-nationale-et-de-l-enseignement-superieur.html